A. Le village de Doyissa

Au Bénin, une commune est composée d’arrondissements, ces derniers sont divisés en villages administratifs. Nous étions dans la zone sanitaire de Savalou regroupant :

● 6 communes (Bante, Dassa-Zoume, Glazou, Ouesse, Savalou et Savé) ● 8 arrondissement

● 71 villages (dont celui de Doyïssa) ● Population = 160 558 habitants ● 1 hôpital de zone à Savalou

● 1 médecin coordinateur (= médecin chef pour plusieurs centres de santé et pour 1 commune)

L’hôpital de cette zone, situé à Savalou, est le seul hôpital qui permet de gérer un très grand nombre de cas. Il ne peut gérer à lui seul tous les niveaux de pathologies, et les nombreux cas très éloignés des villages. C’est pour cela que l’on retrouve dans chaque arrondissement de la zone au moins un centre de santé qui permettra de dispenser des soins plus rapidement et plus facilement aux populations des villages, mais aussi d’assurer les nombreuses naissances. En effet les centres de santé réalisent tous les accouchements quand ils ne présentent pas de risque (sinon les futures mamans sont référées à l’hôpital de la zone). Au Bénin, on compte en tout 34 zones sanitaires comme celle de Savalou.

B. Notre projet

Nous avions effectué la mission d’évaluation en février 2017. Lors de cette missions, l’équipe avait observé la gestion du poste et évalué les besoins de ce dernier, étudié registres de soins, des besoins en formations (hygiène, gestion des déchets…), du matériel médical, ainsi que des dons en matériel médical et un don de médicaments achetés sur place. Sans oublier des sensibilisations auprès des populations locales sur des problèmes de santé publique : le paludisme, le VIH, l’hygiène, le péril fécal… Suite au travail effectué en 2017, nous sommes intervenus du 29 août au 16 septembre 2018 pour effectuer la mission développement. Nous avons effectué un forage pour alimenter la maternité et le dispensaire en eau. Puis l’année 2019, nous réaliserons la mission de suivi où nous évaluerons l’autonomie et la gestion du centre après les deux précédentes missions.

IV. Le centre de santé

A. Généralités sur le centre,

L’arrondissement de Savi est composé d’un centre de santé (dispensaire + maternité). Le dispensaire de Savi dessert une population de 11 625 habitants répartis sur 7 villages. Les photos du dispensaire suite à la réalisation des travaux en septembre 2017.

Le dispensaire, photo

La paillote de vaccination, photo

Le centre de Doyissa assure les soins curatifs (consultation, actes de petites chirurgies…), les dépistages paludismes ainsi que les activités de vaccination (les vaccins sont financés entièrement par l’état). D’autre part, en tant que maternité le centre assure les activités de santé maternelle et infantile : consultation prénatale, accouchement, consultation post-natale, dépistage VIH pour les futurs mamans… Lors de notre mission, la nouvelle maternité n’étaient pas encore aménagée. Nous avons pas pu effectuer les plans de cette dernière.

V. La pharmacie du centre Dans les centres de santé au bénin, il y a deux pharmacies : – une pharmacie de détail – une pharmacie de gros La pharmacie de gros est gérée par le ministère de la santé. On y trouve des médicaments en grandes quantité. Cependant elle est fermée à clé et seul un représentant du ministère de la santé et le major du centre peuvent l’ouvrir et ont la clé. De plus, il faut la présence des deux pour avoir l’autorisation de l’ouvrir. Cette pharmacie sert de réserve et de stock en cas de problèmes d’approvisionnement de certains médicaments (comme les antipaludiques, les acides foliques pour les femmes enceintes et les sérum de glucose qui sont indispensables) : il y a toujours une réserve !

La pharmacie détail est gérée par la pharmacienne du centre. On y retrouve tous les médicaments nécessaires au dispensaire. La pharmacienne s’approvisionne dans la pharmacie en gros et doit vérifier les dates de péremption des deux pharmacies.

VI. Les travaux effectués

A. En 2017

L’équipe de la mission de d’évaluation avait effectué des travaux en concertation avec le personnel de santé, le maire et le médecin coordinateur.

● Peintures ○ Peintures des murs extérieurs pour rendre le centre plus attractif, en effet celui-ci date de 1972 et n’a jamais été rénové depuis.

● Menuiseries:

○ Un paravent pour permettre d’effectuer les consultations en toute intimité,

○ 2 armoires pour la salle de consultation pour améliorer le rangement des documents à archiver, – 4 bancs pour la future paillote de vaccination, ○ Une toise pour mesurer les patients,

○ 2 étagères de rangements dans le but d’améliorer l’état général des salles de consultation,

○ Une table de naissance pour que les nouveaux nés soient en sécurité après l’accouchement.

● Soudures : ○ 2 chariots pour les soins afin d’assurer l’hygiène lors de la réalisation des pansements et transport des produits de santé,

○ 2 systèmes de lavage de main car le centre n’a pas l’eau courante.

● Maçonneries ○ Construction d’une paillotte de vaccination, celle-ci est normalement présente sur chaque centre or celui-ci n’en possédant pas il était primordial pour le major d’en avoir une. N’ayant pas fait de commande de médicament nous avons fait de cette paillotte notre nouveau projet et avons pu lancer sa réalisation avec l’aide des représentants du village qui nous ont aidés à trouver cet ouvrier.

B. Lors de la mission de développement 2018

A notre arrivée, le centre de Savi (Doyissa?) ne disposait pas d’eau courante, ces besoins en eau son pourvus grâce aux différents puits du village. Cette installation entraîne beaucoup de contraintes, concernant l’acheminement de l’eau, les puits ne sont pas à proximité du dispensaire. Les patients doivent venir au dispensaire avec des bidons d’eau pour se faire soigner. Pour le nettoyage du matériel, le personnel va puiser l’eau et l’apporte au dispensaire. En période de pluie, des bassines sont mises autour des toits pour récupérer l’eau. Mais au cours des saisons sèches, il arrive parfois que les puits soient vides. En plus, cette eau est très souvent contaminées par le choléra et différents parasites intestinaux. Nous avons donc souhaité alimenter en eau saine le dispensaire et la maternité. Deux solutions étaient possibles soit de réaliser un puit mais qui avait pour risque d’être asséché l’été, d’avoir des contaminations extérieurs… ou de réaliser un forage plus coûteux mais assurant de l’eau à toute saison de bonne qualité. Nous avons préféré choisir cette dernière.

Les travaux : Un sourcier est venu repérer les endroits de fracture dans le sol pour avoir une nappe d’eau suffisamment conséquente. Nous avons choisi un endroit qui ne pourrait pas être contaminé par les sanitaires déjà en place.

Doyïssa est située dans une région avec beaucoup de collines et de roche. Il fallait du matériel très important pour percer cette roche. Il a été acheminé de Cotonou.

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Après deux journées de travail, l’eau a surgi de la roche à 90 mètres de profondeur. 16 Pour alimenter la maternité et le dispensaire en eau, il est nécessaire d’installer un château d’eau avec une pompe de relevage et d’aménager les différents tuyaux pour raccorder les bâtiments. Le budget était trop important pour le réaliser lors de cette mission. Ces travaux seront effectués lors de la mission de suivi en 2019. L’entretien du forage château d’eau (réparation de la pompe, nettoyage des filtres…) nécessitera un investissement de la part du centre qui n’est pas envisageable. Pour que notre action soit pérenne, nous envisageons d’installer des robinets pour permettre aux villageois de se fournir en eau saine contre quelques FCFA. Ces quelques FCFA seront déposés sur un compte qui servira à entretenir le matériel. Depuis notre passage en 2017, l’état a construit une nouvelle maternité en janvier 2018 derrière le dispensaire. Lors de notre mission en septembre, ils n’avaient pas encore déménagé car il n’y avait pas d’électricité dans le nouveau bâtiment. De plus, les animaux avaient sali les murs et le sol de la maternité. L’ancienne maternité était trop étroite et ne permet plus d’effectuer deux accouchements simultanément. Nous avons profité de notre présence pour les aider à investir les lieux. Concernant les animaux, la Major avait suggéré d’installer des portes pour fermer l’accès à la maternité et éviter que les animaux y pénètre. Un soudeur a donc réalisé ces portes et un maçon les a installées. Puis, des femmes du village se sont occupées de nettoyer le sol et les murs.

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Pour l’électricité, nous avons eu plus de difficultés. L’électricien qui avait effectué l’installation a eu de gros soucis familiaux, suite à un accident de voiture sa femme était dans le comas dans un hôpital de zone éloigné de Doyïssa. Il n’avait pas possibilité de réaliser les travaux et les autres électriciens ne pouvaient pas prendre la suite des travaux car ils travaillent différemment. Nous avons suggéré au personnel d’investir la maternité même sans électricité pour avoir plus d’espaces. Le déménagement a été réalisé après notre départ.

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Au mois de novembre, la femme de l’électricien n’allaient pas mieux, elle est décédée. L’électricien a pu intervenir fin décembre pour s’occuper des branchements et les premiers bébés de l’année 2019 ont pu naître avec la lumière.

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VII. Les dons

Nous avons réussi à réunir du matériel médical grâce à plusieurs donateurs pharmacies, patients, infirmières. Le don de matériel médical s’est déroulé en présence de Fabrice la major du centre de santé. Nous avons recensé tout le matériel donné avec elle. Nous en avons profité pour expliquer l’utilisation du matériel donné au personnel.

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Nous avons remis des kits de maternité pour les nouveaux nés afin d’inciter les mamans à venir accoucher au centre de santé.

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VIII. L’hygiène

Tout au long du séjour nous nous sommes entretenues avec les différents membres du personnel afin de savoir si les règles d’hygiène étaient respectées. Les aides-soignantes ainsi que tout le personnel de santé font acte de propreté avant chaque consultation ou soins. Le centre ne possède pas l’eau courant, mais des bidons d’eau des puits alentours, ils sont à disposition à l’entrée des bâtiments pour que les patients puissent se laver les mains et ainsi ne pas apporter de germes extérieurs. Chaque soin et consultation s’effectuent avec des gants propres pour éviter le risque de contamination. Le matériel utilisé est nettoyé au stérilisateur après chaque acte. Dans l’ensemble les règles d’hygiène sont respectées par tous et la Sage-femme major veille à ce qu’elles soient respectées à chaque acte commis par le personnel. Par ailleurs, nous leurs avons rappelé quelques règles d’hygiène pour la pérennité de la qualité des soins et pour assurer leur propre sécurité.

IX. Sensibilisations

Lors de notre séjour nous avons décidé de faire une sensibilisation à des jeunes mamans sur le thème du péril fécal en lien avec nos travaux.

X. Les bilans

A. Bilan de notre action Le bilan de cette mission est très positif. Nous avons pu faire le plus gros des travaux souhaités et remettre les dons récoltés en France. Nous avons pu également faire une sensibilisation auprès de la population avoisinante du poste. Le personnel du poste et le coordinateur, rencontrés durant notre séjour, à l’hôpital de zone de Savalou, ont l’air très satisfaits de l’ensemble des actions réalisées au cours de notre mission. Nous avons bien expliqué qu’une autre équipe se rendra à Doyïssa durant l’année 2019 afin de poursuivre la construction du puits et la finaliser. Cette mission de développement nous a ainsi permis d’avancer au maximum les travaux afin de faciliter la tâche aux prochaines équipes.